Cher(e) ami(e) de la Santé,
Ça y est, on a trouvé le chaînon manquant !!
À partir des années 1970, des médecins visionnaires ont obtenu des résultats
éblouissants avec leurs patients… simplement par des changements d’alimentation.
Contre toute attente, ils ont réussi à soigner des maladies comme l’arthrose,
l’hypertension, le diabète, la dépression, l’anxiété, les problèmes de peau et
même des maladies respiratoires. Bref, des pathologies qui n’ont rien à voir
en apparence avec la nutrition !
Le problème, c’est qu’on ne comprenait pas bien pourquoi et comment
cela marchait.
Même les grands pionniers, comme le Dr Kousmine, le
Dr Seignalet ou le Pr Joyeux (dont le best-seller, Changez d’alimentation est paru
pour la première fois en 1985 !) ne savaient pas précisément comment la
nutrition parvenait à guérir.
Mais aujourd’hui, tout a changé.
Cela ne fait plus de doute à présent : ce qui rend votre alimentation
aussi capitale pour votre santé… c’est d’abord son impact sur l’armée de
microbes qui peuple votre gros intestin.
Des milliers de milliards de
micro-organismes fourmillent dans votre côlon. C’est ce qu’on appelle la flore
intestinale ou microbiote.
C’est un « quasi-organe » : tous ces petits organismes
vivants pèsent 1,5 à 2 kilos quand on les rassemble, ce qui donne un poids
comparable à celui de votre cerveau !
Et encore, je ne parle ici que de votre intestin.
Car on trouve des bactéries à peu près partout : elles colonisent aussi
votre bouche, votre nez, vos oreilles, vos parties génitales et chaque
centimètre de votre peau.
Au total, on a recensé au moins 10 000 espèces de microbes, chacune avec leur
propre ADN !
Et ce qui est réellement extraordinaire, c’est que ces bactéries ne se
contentent pas de « cohabiter » avec nous, comme des passagers plus
ou moins clandestins.
Non, elles ont un rôle central dans le bon fonctionnement de notre
organisme.
On sait aujourd’hui que les bactéries de votre flore intestinale participent à
la digestion, vous protègent contre les parasites, soutiennent votre système
immunitaire, vous aident à gérer votre stress, votre sommeil et réduisent
l’inflammation globale de votre organisme.
Si cela vous étonne,
rappelez-vous que les bactéries étaient la première forme de vie sur terre.
Nous sommes arrivés bien après… et notre physiologie s’est adaptée à leur
présence. Nous avons même co-évolué avec elles, en
bonne intelligence.
La preuve la plus fascinante de cette symbiose est logée au cœur de chacune de
nos cellules.
Vous avez peut-être déjà entendu parler des « mitochondries » :
ce sont les petites « centrales énergétiques » qui produisent 90 % de
l’énergie dont nos cellules ont besoin pour fonctionner… et nous maintenir en
forme !
Lorsque ces mitochondries fonctionnent mal, vous êtes fatigué. Leur dégradation
est ainsi la principale raison pour laquelle on se sent plus fatigué à 80 ans
qu’à 20 ans.
Eh bien ces mitochondries si précieuses pour notre vitalité… étaient à
l’origine des bactéries ! Elles étaient extérieures à nos cellules…
puis ont fini par faire partie intégrante de leur fonctionnement, après des
millions d’années de coévolution.
Voilà pourquoi les bactéries qui nous colonisent sont si importantes pour notre
santé : parce que notre corps et nos organes se sont développés sous leur
influence.
Pourtant, quand on parle de
« bactéries », on pense d’abord à des êtres nuisibles qui nous font
tomber malade.
Otites, angines, infections de la peau (panaris, abcès…), diarrhées, infections
urinaires et génitales, voilà des maladies dites « bactériennes »,
c’est-à-dire causées par une bactérie.
Mais c’est une simplification un peu grossière !
Prenez la bactérie Clostridium Difficile, redoutée pour les
graves diarrhées qu’elle provoque… si graves qu’elles peuvent être mortelles.
Eh bien on a retrouvé cette bactérie dans les intestins de 63 % des
nouveau-nés. Presque tout le monde l’héberge à un moment ou à un autre, sans
dommage pour la santé.
Ce n’est que lorsque vous laissez cette bactérie prospérer et se multiplier
qu’elle commence à poser problème.
Même chose pour la bactérie Helicobacter pylori,
responsable des ulcères à l’estomac : elle ne devient nuisible que
lorsqu’elle se multiplie de façon désordonnée.
Lorsqu’elle se maintient dans des quantités équilibrées, non seulement elle ne
vous fait pas de mal, mais elle est même une alliée de poids pour votre
santé !
Elle vous permet notamment de mieux réguler votre appétit… et vous empêche de
trop manger ! Beaucoup de personnes obèses souffrent de ne pas avoir assez
de bactéries Helicobacter
dans leur intestin. [1]
Au total, votre vie peut changer du tout au tout, lorsque vous passez
d’une flore déséquilibrée à une flore saine.
C’est ce qui explique le succès spectaculaire d’une nouvelle thérapie, pas très
appétissante mais 100 % naturelle.
Le principe de cette
« thérapie » est simple : il s’agit de transplanter la flore
intestinale d’une personne « saine » chez une personne
« malade ».
Et pour cela, il n’y a pas trente-six solutions : il faut se servir du
plus gros réservoir naturel de bactéries intestinales que sont… les selles, et
les introduire dans l’intestin du patient malade (je vous expliquerai une
prochaine fois comment ça marche, mais sachez que cela n’a rien d’invasif).
Et les résultats sont impressionnants.
Même la médecine conventionnelle a déjà adopté cette technique pour
traiter certaines infections (à Clostridium difficile).
Mais de façon plus étonnante encore, cette thérapie semble fonctionner sur des
maladies aussi diverses que le côlon irritable, les hépatites, la sclérose en
plaque, etc.
Tout récemment, lors du symposium sur la flore intestinale à Harvard, le Dr Nieuwdorp a sidéré l’assistance par sa découverte.
Il a expliqué qu’il avait transplanté le matériel fécal de patients non
diabétiques minces et en bonne santé chez plus de 250 patients atteints de
diabète de type 2.
Et cette simple opération est parvenue à améliorer nettement leur glycémie,
jusqu’alors totalement déréglée ! [2]
Plus spectaculaire encore : le Dr Pearlmutter,
un neurologue de renom, a rapporté plusieurs cas de quasi-guérison… de patients
autistes ! [3]
C’est dire à quel point votre flore intestinale impacte votre santé !
Le problème est qu’il faudra
attendre des années avant que cette nouvelle thérapie ne soit totalement
intégrée aux protocoles de la médecine.
Alors en attendant… que vous soyez malade ou en bonne santé… vous avez tout
intérêt à prendre le plus grand soin de votre flore intestinale par
vous-même.
Cela commence par augmenter drastiquement votre consommation de fruits et
légumes (surtout les légumes) et d’avaler régulièrement des noix, noisettes,
amandes.
Vous le savez, manger davantage de bons végétaux est LE conseil alimentaire de
base pour être en meilleure santé.
Mais cela ne suffit pas forcément. Voici mes 6 conseils principaux pour conserver
ou regagner une flore intestinale en pleine santé :
Réjouissez-vous si vous les
aimez : consommés avec modération, ces aliments font partie des meilleurs
remèdes pour votre intestin !
Car les feuilles de thé, les graines de café et de cacao et la peau du raisin
sont bourrés des précieux « polyphénols »,
qui favorisent les « bonnes bactéries » de votre intestin.
Par exemple, le thé vert augmente le nombre de bifidobactéries
(bonnes bactéries) et réduit en même temps le nombre d’espèces néfastes. [4]
Mêmes résultats pour les polyphénols du cacao [5], le
café et le vin rouge.
Tout ceci a été confirmé de façon spectaculaire par la plus large étude jamais
réalisée sur la composition de la flore intestinale, publiée en avril 2016 dans
le journal Science. [6]
Les chercheurs ont analysé le microbiote de plus de 1
000 personnes en bonne santé (aux Pays-Bas) et ont examiné le lien avec leurs
habitudes alimentaires.
Sans surprise, ceux qui consommaient le plus de fruits, légumes et oléagineux
avaient une flore intestinale plus riche et plus diverse.
Mais juste après, les aliments les plus associés à une flore saine étaient… le
café, le thé et le vin rouge (le chocolat n’a pas été testé dans cette
étude) !
Tant que vous n’en abusez pas, n’hésitez donc pas à vous faire plaisir !
Autre nutriment clé : les
« prébiotiques », qui sont des fibres
spécifiques. Vos bonnes bactéries en raffolent, car elles assurent leur
croissance et leur activité !
On en trouve dans tous les végétaux, d’où l’importance des fruits, légumes et
noix.
Si vous voulez en consommer un maximum, sachez que les prébiotiques
sont particulièrement concentrés dans les aliments suivants : topinambour
(cru), chicorée, oignon, banane, ail cru, poireau cru et asperge crue (si vous
vous demandez comment les consommer, pensez aux marinades !).
Les probiotiques
sont une autre merveille de la nature. Mais il ne faut pas les confondre avec
les prébiotiques !
Les prébiotiques ont une action indirecte :
elles nourrissent les bonnes bactéries qui sont déjà dans votre
intestin.
Les probiotiques, eux, sont des bactéries bénéfiques
à votre santé qui enrichissent directement votre flore intestinale.
On les trouve massivement dans les aliments fermentés – ce qui explique
pourquoi ils font partie de très nombreuses traditions culinaires.
Il y a déjà 6 000 ans, les Chinois faisaient fermenter du chou. La choucroute,
elle, (une forme particulière de chou fermenté) est consommée depuis des
siècles en Europe centrale. Idem pour les yaourts, qui sont des produits
laitiers fermentés.
Pour le bien de votre flore, consommez donc davantage d’aliments
fermentés !
On parle souvent des produits laitiers fermentés, comme le yaourt grec ou le
kéfir. Mais si vous ne supportez pas les produits laitiers, pensez aux yaourts
à base de noix de coco ou aux kéfirs réalisés à partir de lait de coco.
Les probiotiques peuvent être aussi de simples fruits
et légumes marinés dans de l’eau salée (« saumure »), comme les
cornichons que l’on trouve en supermarché.
Mais l’aliment probiotique le plus bénéfique reste
sans doute le chou fermenté. Et la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez le
faire vous-même, chez vous (c’est très facile, regardez par exemple cette
recette).
Savez-vous quels aliments sont
le plus associés statistiquement à une flore intestinale déplorable ?
Ce sont les « carbohydrates », c’est-à-dire
les sucres (glucides) de toutes sortes, ainsi que les snacks. [7]
Plus vous consommez de sucre (sucre et fructose ajoutés, mais aussi le sucre
contenu dans les céréales), plus vous déséquilibrez votre flore intestinale.
C’est logique : jusqu’à l’apparition de l’agriculture (donc pendant 99,9 %
de l’histoire de l’humanité), l’homme s’est nourri d’aliments pauvres en
sucre : viande, poisson, légumes, petits fruits, noix…
Notre flore intestinale est donc parfaitement adaptée à ces aliments… et pas du
tout préparée au régime occidental moderne, bourré de féculents et sucres
ajoutés.
Pour couronner le tout, tous les biscuits sucrés et féculents à base de blé
(pain, pâtes…) contiennent du gluten, une protéine qui malmène la paroi de
votre intestin et contribue indirectement à perturber votre flore.
Si le sucre est si mauvais, il
pourrait sembler logique de se rabattre sur des produits « sans
sucre », contenant des « édulcorants » qui maintiennent le délicieux
goût sucré.
C’est ce qu’ont fait des millions de consommateurs de Coca Cola, qui se sont
rués sur le « Coca Light », pensant qu’il était inoffensif.
On sait aujourd’hui que c’est une lourde erreur : il ne faut boire ni l’un
ni l’autre, ni boisson sucrée, ni boisson avec édulcorant !
Une étude publiée dans la revue Nature en 2014 en
a fourni la meilleure preuve : des souris abreuvées de saccharine, sucralose ou aspartame ont vu leur flore intestinale encore
plus ravagée que celles qui ont consommé de vrais sucres ! [8]
Cette modification de leur flore intestinale les a même rendues incapables
d’assimiler convenablement le sucre… ce qui est la première étape vers le
diabète !
Et cela ne concerne pas que les souris, hélas.
Des chercheurs français ont suivi plus de 66 000 femmes depuis 1993. Et ils ont
observé que les femmes qui buvaient des boissons contenant des édulcorants (Coca
light, etc.) avaient deux fois plus de diabète que celles qui prenaient
des boissons sucrées ! [9]
On sait que les antibiotiques
font par définition beaucoup de mal à la flore intestinale (leur objectif
est de tuer les bactéries, et ils ne font pas toujours la différence entre les
« bonnes » et les « mauvaises »).
Mais ce qu’on ignore souvent, c’est que l’on consomme tous les jours des
petites doses d’antibiotiques… via les viandes ou poissons d’élevage !
De fait, les éleveurs (non bio) utilisent massivement les antibiotiques. Pas
seulement pour éviter les épidémies… mais de façon plus sournoise, pour faire grossir
plus vite veaux, vaches, cochons…
Pour éviter toute trace d’antibiotiques dans vos viandes et volailles (ou dans
le lait), le plus sûr est donc de les choisir bio, ou auprès d’un producteur
local dans lequel vous avez confiance.
Même chose pour les fruits et légumes : mieux vaut les manger bio ! Pas
pour les antibiotiques (ils n’en contiennent évidemment pas), mais pour les
pesticides.
Car les pesticides visent eux aussi, par définition, à « détruire la
vie » (les mauvaises herbes, généralement). Et parmi les vies qu’ils
détruisent, il y a les micro-organismes bien vivants contenus dans votre flore
intestinale.
Saviez-vous qu’on trouve aussi
des traces d’antibiotiques … dans l’eau du robinet ?
C’est un de ses défauts. Mais son vrai problème, c’est le chlore qu’elle
contient, utilisé pour la désinfecter.
Car le chlore tue les bactéries… et c’est bien pour cela qu’il est utilisé pour
purifier l’eau. Cela permet d’éviter de graves contaminations… mais cela
endommage aussi la diversité de votre flore intestinale.
Privilégiez donc l’eau filtrée ou l’eau de source pour éviter ce risque (vous
pouvez aussi laisser reposer votre eau du robinet dans une carafe pendant
quelques heures, le chlore s’évapore).
Autre poison pour votre flore : le bisphénol A, décidément dans tous les mauvais
coups. Non seulement il perturbe l’action de vos hormones, mais il est suspecté
de favoriser une prolifération de certaines bactéries et de déséquilibrer votre
flore.
En fait, la plupart des poisons de notre environnement quotidien ont
certainement le même effet délétère, et je vous invite à relire ma lettre sur
« l’alerte pollution… dans votre salon »
pour vous en protéger autant que possible.
J’ai bien conscience qu’il est très difficile de manger la
quantité idéale de pré et probiotiques, de se
protéger de tous les poisons qui nous entourent, ou même de manger bio en
permanence (ne serait-ce que parce que ça coûte très cher !).
Ne cherchez donc pas forcément à faire tout « parfaitement » d’un
seul coup. Essayez simplement de vous approcher autant que possible d’un mode
de vie favorable aux gentils microbes de votre intestin.
Et surtout, ne vous stressez pas si vous ne faites pas « tout
bien » !
Car le stress chronique endommage lui aussi la paroi de votre intestin… et
contribue à malmener votre flore intestinale !
Alors prenez-soin de votre flore… tout en restant zen.
Bonne santé !
Xavier Bazin