Tous
mégalos ? Ce n’est pas de mégalomanie qu’il est question ici, mais du
cytomégalovirus (CMV), un très discret virus de la
famille des herpès qui toucherait à leur insu plus de la moitié des adultes de
la planète ! Même s’il est encore peu connu, ses conséquences sont loin
d’être anodines, en particulier sur les femmes enceintes. Alors que le virus
est de transmission facile dans les lieux de la petite enfance (crèches,
écoles, etc.), les pouvoirs publics ne font ni prévention ni dépistage auprès
de ces dernières... Quant au reste de la population, des recherches récentes
ont mis au jour le pouvoir de nuisance du CMV et ses
liens auparavant insoupçonnés avec les pathologies les plus diverses : hypertension
et pathologies cardiovasculaires, maladies auto-immunes (lupus, maladie de Crohn), dépressions, certains cancer du cerveau... Quel est
donc ce virus sournois et comment s'en prémunir ?
Cytomégalovirus (CMV) : voilà un étrange
patronyme pour un virus qui ne s’embarrasse pas de mégalomanie. En effet, son
importance n’est en rien surestimée, bien au contraire ! En Amérique du
Nord, les projections récentes de certains spécialistes estiment que plus
de la moitié des adultes de la planète seraient porteurs du CMV
à leur insu. On observe des disparités très importantes selon les
zones géographiques, les milieux sociaux et les conditions sanitaires…
Ainsi, aux États-Unis, la séroprévalence moyenne du CMV
dans la population adulte serait de 50 %, mais elle s’élèverait à 90 %
pour les individus d’ascendance mexicaine. Dans les pays en voie de
développement, la prévalence du CMV atteindrait 80 à
100 % de la population adulte. Il y a pourtant fort à parier que vous
n’avez jamais entendu parler de ce virus. Il est en effet peu
documenté, car on ne prend la mesure de sa prévalence et de sa dangerosité que
depuis peu…
Et encore, il aura fallu attendre pour cela que des parents portent le
sujet sur la place publique, en cherchant à comprendre les causes du décès ou
du handicap de leur enfant contaminé in utero.
Pas vraiment franc du collier, ce CMV… À l’inverse de la grippe, que l’on contracte rarement sans s’en apercevoir, l’infection à CMV passe inaperçue chez 90 % des adultes non immunodéprimés ! Et quand il y a des symptômes, ils prennent la forme d’une petite fièvre, de fatigue et de quelques courbatures : autant de signaux qu’il est facile de confondre avec un état grippal.
Le public qui a le plus à craindre de l’infection à CMV
est constitué par les personnes à l’immunité déjà fragile. On
y retrouve les porteurs du VIH, mais aussi les personnes atteintes d’un cancer
ou de l’une de ces pathologies toujours plus nombreuses à être traitées par des
immunosuppresseurs (la polyarthrite rhumatoïde, par exemple) ou encore les
personnes transplantées, celles qui suivent un traitement médicamenteux de
longue durée…
Dans la population adulte infectée, la complication dominante de l’infection
à CMV est la rétinite. Celle-ci peut débuter
par des symptômes assez légers, comme une vision trouble, des taches
aveugles ou le phénomène des « corps flottants » dans le champ de
vision. Non traitée, cette infection entraîne une cécité permanente en
trois à six mois. Il faut donc réagir vite ! Les autres troubles
fréquents liés au CMV sont l’œsophagite, la
colite, la pneumonie et des pathologies du système nerveux central
entraînant confusion, convulsions, engourdissements ou incontinence…
Le corps médical a longtemps considéré que le CMV ne représentait un risque réel que chez les transplantés et les porteurs du VIH, ces groupes présentant les formes les plus graves de l’infection à CMV du fait de leur immunité particulièrement affaiblie. L’introduction des thérapies rétrovirales pour les séropositifs a contribué à limiter le nombre d’infections au sein de ce public. Dans la population générale non immunodéprimée, le fait que le virus ne provoque l’apparition d’aucun symptôme dans l’immense majorité des cas avait conduit la médecine à considérer que le CMV ne posait pas de problème à l’état latent.
Mais, à la lumière d’études de plus en plus nombreuses, cette position
commence à changer. Différentes recherches suggèrent que les personnes
porteuses du CMV ont une espérance de vie
écourtée et présentent un risque accru de maladies dégénératives et
inflammatoires. C’est donc que ce virus n’est pas si anodin, même pour
la population générale. En effet, la charge virale semble progresser avec
l’âge, ce qui finit par « déborder » le système immunitaire et
accentuer le phénomène d’immunosénescence
(l’affaiblissement du système immunitaire avec l’âge).
Il existe un autre public très sensible : les femmes
enceintes, et surtout leur bébé. En effet, le CMV
franchit aisément la barrière placentaire pour aller infecter le fœtus. De
l’aveu même de la profession obstétrique, l’infection à CMV
est la plus courante. Elle toucherait 0,3 à 0,5 % des naissances en Europe de
l’Ouest. À la naissance, 5 à 10 % des enfants infectés in utero présentent des
anomalies, mais parmi ceux qui n’en présentent pas, 5 à 10 autres pourcents
développeront des séquelles neurosensorielles (surdité
principalement, mais également retards psychomoteurs, retard de langage,
cécité…).
En France, le CMV fait (un peu) débat suite à
l’alerte lancée en 2015 par un père dont l’enfant est décédé cinq semaines
après sa naissance. Les médecins découvrent qu’il avait contracté
l’infection à CMV pendant la grossesse. Interloqué
par le fait que ce virus quasi inconnu se révèle finalement très répandu et
surtout très dangereux dans un certain nombre de cas, le papa prend la plume
cinq années plus tard et l’histoire du petit Aubin est relatée dans les médias.
Il dénonce l’absence d’information du public, et surtout de dépistage
systématique de cette infection en cas de grossesse, pourtant beaucoup
plus fréquente que toutes les autres infections réunies contre lesquelles on
met en garde les femmes enceintes (par exemple la toxoplasmose). Nos
voisins belges, eux, dépistent systématiquement le CMV
et la toxoplasmose.
Les autorités de santé ne donnent nullement l’impression de vouloir changer la donne, en développant (a minima) une information digne de ce nom. Les parents qui savent ont malheureusement découvert l’existence du CMV a posteriori en apprenant que leur bébé a été infecté, et qu’il faudra mettre un terme à la grossesse ou que l’enfant devra vivre avec des séquelles plus ou moins graves. La très grande majorité des (futurs) parents ignore l’existence du CMV et du risque qu’il représente.
De même, ils ignorent que les lieux de vie de la petite enfance, crèches, haltes-garderies, cabinets de pédiatrie et écoles maternelles, sont les sources de contamination privilégiées. Car le virus se transmet facilement par les sécrétions corporelles, salive et urine en tête, et chez les enfants aussi, il est le plus souvent assimilé à un rhume.
On doit au Professeur Paul Moss, de l’université de Birmingham, une étude
plutôt alarmante sur l’incidence du CMV. Ce
scientifique s’est intéressé, sur une période de 18 ans, à un groupe de 511
adultes de plus de 65 ans, dont 70 % présentaient une sérologie positive au CMV. Il a montré que ces derniers avaient une
espérance de vie écourtée de quatre ans en moyenne, principalement à
cause de maladies cardiovasculaires.
D’autres chercheurs ont montré, en suivant des personnes infectées également
par le virus du sida, que le CMV était un facteur
aggravant de dégradation du système immunitaire et de décès. Alors que
le système immunitaire est normalement capable de reconnaître un virus après
une primo-infection, il semble que le CMV soit capable
de tromper les lymphocytes T (une catégorie de globules blancs impliqués dans
la réponse immunitaire) de telle sorte qu’ils ne le reconnaissent pas.
S’installe alors une sorte de stimulation chronique du système immunitaire de
la part du CMV, qui entraîne la spécialisation d’une
fraction toujours plus élevée de lymphocytes T à son encontre, au détriment de
la défense contre d’autres virus et infections. Cela expliquerait que le
système immunitaire des sujets infectés au CMV
s’épuise et se dérègle plus tôt au cours de leur vie.
En particulier, il semble de plus en plus clair que les personnes
infectées au CMV montrent une prédisposition
supérieure à mourir de complications cardiovasculaires, à cause notamment d’une
tension artérielle trop élevée ou d’une thromboembolie
veineuse. La dangerosité du risque serait fonction de l’intensité de
l’infection et de la réponse immunitaire engendrée. On soupçonne
également une légère détérioration des facultés cognitives et une
augmentation des signes de dépression chez les personnes présentant
les niveaux d’anticorps au CMV les plus élevés. La
piste inflammatoire, souvent en cause dans ce genre de troubles, ne semble
pourtant pas pertinente cette fois-ci…
Pourtant, autre lien troublant, on trouve des corrélations entre infection à CMV et nombre de pathologies auto-immunes à dimension inflammatoire, comme le lupus érythémateux disséminé et les MICI (maladies inflammatoires de l’intestin). Par exemple, on trouve des traces de réplication virale du CMV dans 20 à 40 % des formes les plus sévères de colite ulcérative ou de maladie de Crohn, mais quasiment pas dans les formes inactives ou modérées de ces deux maladies. Ce qui laisse entendre que le CMV exacerbe les problèmes inflammatoires.
Un lien mieux établi est celui qui associe infection active à
cytomégalovirus et glioblastome
multiforme, la tumeur du cerveau la plus fréquente. En effet, cette
forme particulièrement agressive de tumeur, qui laisse généralement une
espérance de vie d’à peine plus d’un an chez l’adulte, est associée dans 90 à
100 % des cas à une concentration élevée en anticorps à CMV à proximité immédiate de la tumeur (zone
qualifiée de « microenvironnement »). Mais la présence du virus ne serait
positive dans le sang périphérique que dans 60 % des cas, ce qui ne permet pas
toujours d’établir une corrélation entre glioblastome
et CMV.
En tout cas, la piste semble sérieuse, puisqu’une étude clinique de l’Institut Karolinska de Stockholm en 2006, portant sur un antiviral
utilisé en prophylaxie et en traitement d’attaque contre la rétinite à CMV, a permis un allongement moyen de la survie de 13.5 à
56.4 mois.
Une étude s’est plus particulièrement intéressée à l’influence du genre sur le profil immunitaire de personnes porteuses du CMV âgées de 50 à 65 ans. Elle révèle que le sexe est un facteur déterminant quant au profil immunitaire d’une personne de cette classe d’âge. En effet, la plupart des différents types de cellules immunitaires présentent une numération significativement inférieure chez les hommes positifs au CMV, alors que les effets chez les femmes se limitent à une augmentation de la part des cellules immunitaires à différenciation tardive.
Ces résultats suggèrent que le système immunitaire chez la femme d’âge mûr est mieux capable de contrôler l’infection à CMV et ses conséquences. Ce sont les hormones sexuelles qui joueraient le rôle principal de cette inégalité devant l’infection à CMV, l’œstradiol étant connu pour améliorer la réponse immunitaire, tandis que la testostérone aurait l’effet contraire !
On fait de la prévention ! Encore qu’au vu de la prévalence supposée… Mais tout de même, c’est un aspect très important pour les femmes enceintes. Si vous avez un médecin compréhensif, faites-vous dépister. Selon les régions, il arrive que le dépistage du CMV soit prescrit en même temps que la toxoplasmose, la rubéole ou l’hépatite B. Mais beaucoup de gynécologues préfèrent ne pas en parler, car ils restent persuadés que les conséquences graves restent rares et disent ne pas vouloir stresser inutilement les mamans, d'autant que les traitements allopathiques disponibles actuellement provoquent des risques pour l'embryon... Mais puisque des réponses naturelles existent (voir ci-dessous), autant promouvoir l'information pour agir à temps.
Si vous avez la chance de ne pas être porteuse, soyez très vigilante pendant toute la durée de votre grossesse. Respectez des règles d’hygiène simples, assez proches de celles recommandées lors d’épidémies de grippe ou de gastro. Lavez-vous les mains après contact raproché avec vos enfants (urine et salive surtout), n’utilisez pas les mêmes couverts, soyez vigilante dans les lieux à risques, etc. La Haute Autorité de santé avait recommandé voilà plus de dix ans de promouvoir la prévention du CMV, mais celle-ci ne s’est jamais traduite dans les faits.
La médecine conventionnelle recourt essentiellement à des antiviraux de type valganciclovir, qui peuvent circonscrire les maladies d’expression de l’infection à CMV comme la rétinite, et sont également utilisés en prophylaxie chez les jeunes enfants, mais ils s'avèrent dangereux pour l'embron.
Mais la nature a elle aussi quelque chose à proposer contre les virus : les champignons. Le Coriolus, le Ganoderma (appelé aussi Reishi) et le Shiitaké sont de véritables champions de la lutte antivirale. Et justement, les herpès virus répondent très bien à cette association de bienfaiteurs, en particulier le virus d’Epstein-Barr, responsable de la mononucléose infectieuse, et le cytomégalovirus.
Cette synergie de champignons, tous les trois de très anciens remèdes de la médecine traditionnelle chinoise, exerce un effet stimulant sur le système immunitaire qui empêche la réplication du virus et limite la « charge virale ». Par conséquent, le système immunitaire est soustrait à cette forme de spécialisation déviante qu’entraîne le CMV avec l’âge, et le risque que le virus exprime l’une ou l’autre de ses maladies associées est considérablement réduit.
Le Dr Bruno Donatini, spécialiste en
gastro-entérologie, cancérologie et immunologie, est un fervent adepte des
champignons dans sa pratique quotidienne, et il est de moins en moins seul,
puisque plusieurs services hospitaliers, aux États-Unis, en Allemagne et au
Japon, ont inclus ces traitements dans leur panoplie de soins. Il
recommande la prise de Reishi et de Coriolus (400 mg par jour) et de Shiitaké
(200 mg par jour) pendant 2 à 3 mois, puis en entretien 2 fois par semaine,
pour diminuer considérablement la présence du virus, puis le garder sous
contrôle. Le coriolus n'étant plus hélas
commercialisé depuis 1997 en France (pour des raisons strictement
administratives), on s'appuiera donc principalement sur le
Reishi et le
Shiitaké pour contenir le virus.
Cependant ne vous laissez cependant pas alarmer à l’excès, car
certaines recherches ont montré que de nombreux centenaires étaient
porteurs du CMV a l’état latent. D’autres
études indiqueraient que plus le CMV est
contracté tôt dans la vie du jeune adulte, moins il entraînerait de perturbations
dans le système immunitaire... Ce qui signifie que beaucoup de
travail sera encore nécessaire pour comprendre le comportement et les
incidences de ce virus sur la santé humaine. Une chose semble
toutefois certaine : il présente un risque réel pour la femme enceinte et son
bébé et, étant donné la situation actuelle, c’est aux mamans de prendre
les devants !
Association ressource :
L'association CMV (Chanter, Marcher, Vivre) sensibilise, aide et accompagne les parents (et futurs parents) d'enfants atteints du cytomégalovirus : www.chantermarchervivre.org