Chère lectrice, cher lecteur,
C’est l’un des mystères les plus fascinants de la médecine moderne.
La diverticulose est une maladie de l’intestin qui
n’existait pas au début du 20e siècle.
J’exagère un peu : elle avait été observée, mais les cas étaient tellement
rares qu’on la considérait comme une curiosité médicale, un peu comme les bébés
à deux têtes.
Aujourd’hui, 50 % des plus de
70 ans sont touchés, et 30 % des plus de 60 ans !
C’est plus qu’une épidémie. C’est pratiquement une pandémie (une maladie qui
touche tout le monde).
En cause, une nouvelle fois, les changements alimentaires
et de mode de vie apportés par la vie moderne.
La diverticulose est l’apparition de poches dans l’intestin
(hernies), de la taille d’une bille, qui peuvent s’infecter et provoquer des
douleurs et des hémorragies (diverticulites). La diverticulite est donc le stade
infecté de la diverticulose.
La diverticulose ne se remarque pas. Les médecins disent qu’elle est
asymptomatique, c’est-à-dire qu’elle ne déclenche pas de symptômes (comme, par
exemple, des douleurs, de l’inflammation, des saignements).
En revanche, la diverticulite
fait très mal !
Diverticulose et diverticulite sont provoquées par les efforts excessifs que
les intestins sont obligés de faire pour évacuer le « bol fécal »
chez les personnes qui :
Et cela concerne du monde. Cela concerne pratiquement tout le monde actuellement (alors que cela ne concernait personne il y a un siècle…).
Autrefois, il était impossible
de ne pas bouger.
Vous pouviez être roi, président de la République, vous étiez obligé malgré tout de monter à cheval, de
gravir des escaliers (il n’y avait pas d’ascenseur), de faire
un minimum d’effort tous les jours.
Les voyageurs avaient bien des diligences, des carrioles, des carrosses pour
les plus riches d’entre eux.
Mais ceux-ci s’embourbaient, se cassaient.
Dans les montées, les chevaux peinaient et on descendait pour les soulager.
D’autant plus qu’on était tellement ballotté à l’intérieur qu’il était souvent
plus confortable d’aller à pied. Il fallait donc toujours, à
un moment ou un autre, se bouger.
Or, bien sûr, la marche à pied, les efforts physiques, activent les muscles du
ventre, secouent les intestins. Ils contribuent ainsi à faciliter le transit.
L’intestin n’est pas tout seul à travailler, à se contracter comme un fou et, à
force, à s’abîmer.
D’autre part, il était
impossible de se nourrir de bonbons, de chips, de cochonneries :
l’industrie agroalimentaire n’avait pas encore été inventée !
Personne ne passait des heures écroulé dans un canapé à regarder la télé ou des
vidéos, à se « nourrir » (le mot n’est pas bien adapté) de sodas
sucrés et de malbouffe. Cela n’était pas possible.
Enfin, il était impossible de ne pas mâcher :
on mangeait les bas morceaux de viande coriace terriblement durs à mastiquer,
des légumes fibreux qui résistaient sous la dent. La nourriture ne ressemblait
pas encore à du chewing-gum ou à de la purée.
Les conditions n’étaient donc pas réunies
pour attraper une diverticulose.
La consommation de fibres alimentaires fait baisser le
risque de diverticulose. Les fibres, présentes dans les légumes et les fruits
(et les végétaux, en général), se gonflent d’eau et rendent la matière digérée
plus molle, plus glissante.
Vous trouvez des fibres dans les haricots, les lentilles, les épinards, le son,
les amandes, les artichauts, les pruneaux et de nombreux autres aliments sur le
site donné en référence [1].
Signalons, par ailleurs, une drôle d’étude publiée dans le très sérieux Journal of the American Medical Association
(JAMA) en 2008, qui a montré que consommer des noix et des pop-corns était
efficace pour prévenir la diverticulose [2] !
Cependant, une fois que la diverticulite se déclare, il faut, au contraire, diminuer l’apport en fibres pendant trois
semaines, le temps que l’inflammation se calme.
On a ainsi le schéma suivant :
Schéma de SOS Cuisine [3]
Tout cela est bien beau, me
direz-vous, mais que faire si c’est trop tard ? Que faire si l’on a déjà
derrière soi des décennies de vie de bureau où l’on est trop resté assis, où on
a trop mal mangé, et que les diverticules sont là ?
D’abord, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Vous pouvez faire de l’exercice et manger plus de fibres. Attention : il
ne faut pas augmenter trop rapidement son apport en fibres. L’apport recommandé
est de 21 à 38 g pour les adultes. La plupart des gens en consomment bien
moins (de 10 à 15 g) et il ne faut pas ajouter plus de 5 g de fibres
supplémentaires quotidiennes par semaine.
Pour ajouter 5 g de fibres à votre régime quotidien, choisissez une des
options suivantes :
Il faut, en outre, suivre les
conseils habituels pour une alimentation saine : moins de céréales
raffinées et aliments industriels, plus de fruits, surtout des petits fruits
rouges, des fruits secs, des choux, des légumineuses, des aliments complets.
Enfin, veiller à passer aux toilettes quand c’est nécessaire, sans trop
attendre ni se retenir. Mettre un tabouret sous ses pieds pour adopter une
position plus proche de la position accroupie, qui facilite l’évacuation des
selles et économise les forces des intestins.
En cas de crise de diverticulite, réduisez vos apports en
fibres pendant trois semaines, puis réintroduisez-les progressivement pendant
trois semaines également. Prenez un bon complexe de probiotiques. J’en ai parlé
plusieurs fois dans des lettres récentes, en indiquant les marques et les prix
des produits que je recommande.
Une étude scientifique a montré l’intérêt des probiotiques suite à une crise de
diverticulite [4].
Cela permet de prévenir les récidives.
Attention : les diverticulites peuvent parfois évoluer vers des
hémorragies et une péritonite (infection mortelle). Dans ce cas,
l’hospitalisation et l’intervention chirurgicale d’urgence constituent le seul
traitement.
Cela signifie que l’intestin est gravement touché. La consommation de fibres
est alors contre-indiquée pendant au moins deux mois après l’opération. Le
médecin qui vous suivra vous dira quand vous pourrez en reprendre.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis