Moi votre hypophyse, quand je suis malade (partie 2)

Dans ma dernière lettre, je faisais parler votre hypophyse, cet organe si important pour votre santé (rendez-vous ici si vous ne l'avez pas lue). 

Aujourd'hui, cette lettre vous décrit les anomalies qui peuvent m’atteindre, moi, votre hypophyse. Cela commence par les tumeurs : 

Les tumeurs de l’Hypophyse

La plupart des tumeurs de moi, votre hypophyse, sont bénignes. On les appelle des ”Adénomes”. Plus rares sont donc, heureusement, les cancers de l’hypophyse.

Les Adénomes de l’Ante-hypophyse sont des lésions bénignes

On distingue les micro-adénomes de moins de 1cm3 des macro-adénomes qui font plus d’1 cm3.

Ce sont les macro-adénomes qui peuvent comprimer les voies optiques au niveau du chiasma optique, croisement des nerfs de la vision au-dessus de moi. Ils peuvent ainsi être à l’origine de troubles visuels.

Ce sont parfois ces troubles visuels (réduction du champ visuel), des céphalées persistantes, en arrière de la tête ou derrière les yeux ou des deux tempes, qui nécessitent un scanner ou une IRM cérébrale qui permettent de découvrir un macro-adénome hypophysaire.

Micro ou Macro-adénomes peuvent sécréter des excès d’hormones.

Dans 30 à 50% des cas, les micro-adénomes ne sécrètent pas d’excès d’hormone.

Les Adénomes à Prolactine : les plus fréquents 

Ils créent dans 30 à 40% des cas une hyperprolactinémie vérifiable par dosage dans une prise de sang. Ils atteignent comme micro-adénome en général vingt femmes pour un homme, et quand il s’agit d’un macro-adénome, autant l’homme que la femme

Il faut dire que chaque stress plus ou moins important que vous subissez, fait que je libère en plus d’une hormone issue de vos surrénales, une quantité plus ou moins importante de Prolactine.

En plus du ou des stress aigus ou chroniques seuls, de nombreuses substances et médicaments ont des effets hyperprolactinémiants et peuvent faire augmenter légèrement mon volume :

Tous ces médicaments peuvent être à l’origine de micro-adénomes hypophysaires.

Les signes cliniques chez la femme :

Les signes cliniques chez l’homme :

L’Adénome sécrétant trop d’hormone de croissance, la GH

Il est à l’origine d’une maladie particulière, l’Acromégalie. La lésion est quasiment toujours bénigne.

Les signes cliniques les plus caractéristiques :

Il y a aussi les douleurs articulaires du dos et des grosses articulations.

Une augmentation du volume de la thyroïde (goitre) est possible avec hypothyroïdie.

Une baisse de la libido est possible chez l’homme comme chez la femme associée à des troubles des règles.

L’Adénome sécrétant trop d’hormone Corticotrope, l’ACTH


L’ACTH que je fabrique moi, votre hypophyse, stimule les glandes surrénales, dans leur partie corticale, qui fabriquent de trop grandes quantités de cortisol. C’est la maladie décrite par Cushing [1] ou Maladie de Cushing. Très rare heureusement atteignant 1 cas par an et par million d’habitants.

Cette même maladie peut être due (70 à 80% des cas) à une tumeur présente dans une des glandes surrénales, donc sans rapport avec moi votre hypophyse. On parle de cortico-surrénalome, très rarement atteinte par le cancer.

Les signes cliniques les plus caractéristiques :

Une obésité chronique de la partie supérieure du corps, un visage arrondi, poupin, lunaire, gonflé et rouge (comme chez les personnes traitées par la cortisone).

Le tissu gras se stocke dans le cou, en arrière donnant l’impression de bosse de bison.

S’associent des signes de fonte musculaire au niveau des bras et des jambes, une hypertension artérielle, une chute des cheveux, une peau épaisse avec de l’acné et un développement excessif de la pilosité des membres et du visage (on parle d’hirsutisme), une stimulation de l’appétit, des troubles du sommeil, une fatigue intense et un stress chronique, des troubles du cycle féminin..

Le diagnostic de certitude est obtenue par des dosages biologiques dans le sang et les urines : taux de cortisol et autre test qui tente de freiner la formation excessive d’ACTH.

Rarement l’hypersécrétion d'ACTH est due à une hypersécrétion de CRH. Il existe alors un adénome dans l’hypothalamus.

L’Adénome sécrétant trop d’hormone Thyréotrope, la TSH

Les signes cliniques les plus caractéristiques sont ceux d’une hyperthyroïdie d’origine hypophysaire.

Cela permet de comprendre pourquoi un ou des stress plus ou moins importants selon les personnes peuvent déclencher une hyperthyroïdie, nommée Maladie de Basedow. [2]

Les signes de cette maladie sont nombreux : les plus significatifs sont les yeux exorbités (exophtalmie) et une augmentation du volume de la thyroïde formant un goitre plus ou moins volumineux. Les autres signes sont nerveux (énervement et irritabilité, tremblements fins des extrémités des doigts).

En pathologie mentale, les spécialistes [3] décrivent : « anxiété et tension marquées, labilité émotionnelle, impatience et irritabilité, distractivité, sensibilité exagérée au bruit, ainsi qu'une dépression fluctuante accompagnée de tristesse et de problèmes de sommeil et d'appétit. Dans les cas extrêmes, elles peuvent paraître schizophrènes, perdre le sens de la réalité, délirer ou avoir des hallucinations. »

Les troubles cardiaques (pouls accéléré et palpitations), digestifs (diarrhée plus ou moins fréquente), généraux (fatigue générale, amaigrissement et sueurs).
Le traitement consiste à se déstresser, à mettre la thyroïde au repos en bloquant la formation des hormones thyroïdiennes. La molécule la plus connue est le propylthiouracile ou méthimazole commercialisé sous le nom de Tapazol.

L'Adénome sécrétant trop d'hormones de la sexualité et de la reproduction (Gonadotropes), LH et FSH

Ces hormones que je fabrique moi votre hypophyse, comme leurs noms l’indiquent sont essentielles pour le bon fonctionnement de la sexualité, chez la femme comme chez l’homme. Quand elles manquent, évidemment, elles perturbent sexualité et fertilité.

Au début de la grossesse, la Gonadotrophine Chorionique est fabriquée par le Placenta [4] qui prend le relai de moi, votre Hypophyse. S’il y a grossesse, elle peut être détectée très tôt dès le 7ème jour avant la date prévue des prochaines règles. C’est donc le test qui affirme une grossesse débutante.

Chez la femme, les médicaments à activité FSH et LH sont utilisés comme inducteur de l'ovulation dans le traitement de la stérilité et pour stimuler la croissance de follicules multiples dans le cadre des techniques d'assistance médicale à la procréation, comme la fécondation in vitro. Cela explique largement le nombre plus grand de grossesses multiples quand les femmes ont recours à la fécondation in vitro.

Chez l'homme, les médicaments à activité FSH et LH sont utilisés dans le traitement des insuffisances en spermatozoïdes (oligospermies) quand les taux des gonadotrophines sont trop bas.

Il est important de rappeler aux hommes, confrontés à une éventuelle stérilité masculine, que la maturation des spermatozoïdes dans les tubules où il passent après être fabriqués par les testicules, demande une dizaine de semaines et leur transit dans les canaux déférents une ou deux semaines supplémentaires, délai qui explique que la réponse au traitement est retardée. La durée du traitement est donc en général d’un à plusieurs mois.

Quand Moi votre hypophyse je suis insuffisante

L’hypophyse antérieure

Quand je ne fabrique pas assez d'hormones stimulantes, les stimulines de la plupart de vos glandes, les médecins parlent d'hypopituitarisme ou insuffisance antéhypophysaire.

Trois causes sont possibles : une tumeur, des troubles de la vascularisation (après un accouchement hémorragique) ou des troubles infectieux ou inflammatoires qui me détruisent..

La plupart du temps, le déficit est général sauf chez l’enfant où le déficit atteint surtout l’hormone de croissance et se traduit évidemment par un retard plus ou moins important de croissance.

Le déficit général s’appelle le panhypopuititarisme.

Le chef d’orchestre que je suis ne fonctionne plus, les glandes que normalement je stimule sont à plat : la thyroïde, les surrénales, ovaires et testicules, la croissance si elle n’est pas terminée stagne..

Est atteint en premier l’axe gonadotrope qui ne stimule plus ovaires et testicules, puis l’axe somatotrope qui gère la croissance, et enfin les axes corticotrope (qui gèrent les surrénales) puis thyréotrope (qui gère la thyroïde) et enfin l’axe prolactine.

Si cette insuffisance est définitive, un spécialiste endocrinologue prescrit un traitement hormonal substitutif remplaçant les hormones absentes. Ce traitement peut durer toute la vie.

L’hypophyse postérieure

Les anomalies de la posthypophyse ou Neurohypophyse

Les tumeurs ou les compressions

La post-hypophyse et la tige pituitaire qui la relie à l’Hypothalamus, peuvent être le siège d’une tumeur, en général de faible malignité et ne récidivant pas.

Je peux aussi être comprimée par une tumeur située juste au dessus de Moi votre hypophyse. En général les spécialistes parlent d’un craniopharyngiome [5]une tumeur bénigne qui par son volume peut à la fois comprimer les voies optiques (chiasma optique), créant des troubles visuels graves et juste au-dessous Moi même votre hypophyse.

Evidemment mon fonctionnement normal va perturber en particulier ma libération d’Hormone AntiDiurétique (ADH) qui régule les entrées et sorties d’eau de votre organisme.

Sans ADH vous allez vous mettre à boire de manière excessive car vous éliminez jusqu’à 6 litres par jour : c’est le diabète insipide avec comme signes des mictions très fréquentes jour comme nuit.

A l’inverse si je me mets à fabriquer trop d’ADH vous risquez d’être intoxiqué par l’eau.

Vous me connaissez mieux maintenant. Vous ferez davantage attention aux différents troubles qui justifient une consultation de votre médecin généraliste qui vous conseillera un spécialiste.

Surtout réduisez vos stress, profitez des vacances pour être plus cool, plus zen et préparez-vous, réfléchissez sur les plages, ou à la montagne, hors de votre environnement professionnel, à vivre avec moins de stress.

Un mental positif, une activité physique adaptée à votre âge qui vous fait transpirer, une alimentation plus Méditerranéenne avec plus de produits végétaux que de produits animaux et le soleil aux bonnes heures pour faire le plein en vitamine D, voilà une belle et juste préparation.

Nous le verrons dans une prochaine lettre, où je vous expliquerai comment le stress peut réduire vos défenses immunitaires.

Belles et douces vacances pour celles et ceux qui y sont encore et les meilleures pour ceux qui se préparent à partir.

A vous tous la meilleure Santé.

Pr Henri Joyeux