Vous n’avez qu’un cerveau. Il vaut la peine de le bien connaître, de
savoir tout ce qu’il recèle de ce que l’on sait et
qu’on ne sait pas encore.
« Il n’existe aucune forme de
réalité plus puissante, stimulante et merveilleuse que l’esprit humain. »
Mohamed Iqbal, grand philosophe et poète pakistanais
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Par souci pédagogique voici votre cerveau qui
vous parle.
Me voici donc, moi votre
cerveau, le décideur, le contemplatif, le rêveur, le déclencheur de vos gestes,
le réceptacle de tous vos sens.
Je suis aussi le régulateur de votre respiration, de
votre rythme cardiaque et même d’une partie de la mécanique digestive. Savez-
vous que c’est moi qui donne en plus un sens à votre existence
?
Ne me dites pas que je suis nerveux ! C’est vous trop
souvent qui m’énervez, surtout parce que vous ne savez pas qui je suis et comment je fonctionne.
On vous parle de deux systèmes nerveux: celui qui décide de presque tout et celui qui fonctionne tout seul, le système nerveux végétatif...
C’est vrai, je gère les deux.
On vous dit que lorsque seul le végétatif fonctionne
– responsable du fonctionnement du cœur et du rythme
respiratoire –, vous êtes mort. Ce n’est pas certain.
En effet, je suis capable de dormir longtemps, presque
de faire croire que le corps que j’habite est mort.
Alors, les neurologues, les réanimateurs, les éthiciens, les spécialistes de la
mort se précipitent sur moi pour scruter mes moindres réactions ou pour
prélever vos organes. Je les crains très fort parce que des députés français, pour la plupart incompétents, viennent de voter la
sédation profonde, c’est-à-dire l’euthanasie. Fuyez-les tant qu’il n’est pas
trop tard !
Vous avez donc grand intérêt
à me respecter !
Je suis le chef
d’orchestre, quand je vais bien, des faits et gestes de tout votre
organisme.
Je pèse au maximum 1,5 kg, entre 1,2 et 1,4 kg le plus souvent, soit 2 % du
poids corporel et suis beaucoup plus puissant que le cerveau de ma collègue
mammifère la baleine, bien plus lourd que moi (6,9 kg). Les dauphins ont un
cerveau un peu plus lourd que le mien de 1,5 à 1,7 kg.
Quant à celui du cousin chimpanzé, il n’excède pas 400
g.
Et si les hommes ont 100 g de plus de volume cérébral dans la tête que les
femmes cela ne les rend pas plus intelligents, loin de là
!
Les abeilles n’ont qu’un million de neurones, mais elles font tant de bien à l’humanité ! J’aime beaucoup le fructose des miels
d’acacias et de châtaigniers qui sont ma meilleure
énergie.
Oui, c’est bien moi qui reçois toutes vos sensations gustatives issues de vos
papilles linguales, des perceptions visuelles, auditives, des fins filaments
nerveux qui induisent l’odorat, de tous les corpuscules si nombreux et délicats de votre peau avec le chaud et le froid, le
piquant et le doux... Bref je vous donne vos 5 sens, mais qu’en faites vous
trop souvent ?
Rien ne m’échappe quand je vais bien !
Je suis capable de beaucoup travailler si vous me respectez. Ne
m’envahissez pas de fumées toxiques, de tabac, d’alcool et
de toute autre drogue (il n’y en a aucune qui soit douce, contrairement à ce
que vous disent quelques irresponsables patentés, mamamouchis et
pseudo-conseillers nichés jusque dans les ministères...).
Faites-moi bosser intelligemment et je vous le rendrai largement
! Savez-vous que je suis capable d’augmenter mes capacités de mémoire ? Et, en plus, de
retenir d’insignifiants détails que je vous sortirai cinquante ans plus
tard.
Si je travaille jour et nuit, j’ai aussi besoin que
vous me foutiez la paix la nuit ou une partie de la journée quand je bosse la
nuit. Car, quand je dors, je réordonne toute l’agitation de
votre journée. Quel boulot ! Je compare, je stocke l’essentiel, je mémorise certains vécus
plus que d’autres. Si vous saviez combien vous êtes compliqué
!
Les cellules qui me constituent
sont des petits bijoux microscopiques qui bossent donc jour et
nuit. Elles s’appellent neurones.
Heureusement, je suis un organe bien équipé avec au
total quelque 180 milliards de cellules. Les
abeilles, avec près d’un million, ne font pas si mal avec miels, propolis,
gelée royale, pollens et même leur venin qui peut être utilisé de façon thérapeutique !
Mes neurones sont des cellules purement
nerveuses (90 à 100 milliards), en forme d’étoiles, équipées de filaments plus
ou moins longs, aux noms prestigieux, axones pour
les plus longs et dendrites pour les plus courts. Les
axones seuls sont entourés, comme nos fils électriques, d’une substance
graisseuse nommée myéline, nécessaire pour accélérer l’influx nerveux qui
se propage à la vitesse d’un mètre par seconde.
Mes neurones ont une vitalité extraordinaire. Même
après votre mort, ce que vous appelez « mort cérébrale
», mes cellules nerveuses vivent encore au moins une quinzaine de jours. C’est une découverte récente. Les chercheurs trouveront
certainement quelques idées pour en faire quelque chose. Ils pensent déjà à
l’immortalité, mais je les laisse délirer !
Mes cellules gliales sont aussi
nombreuses que les neurones (et non pas 5 à 50 fois
plus comme on l’a longtemps cru). Elles fabriquent la myéline, si importante
pour le passage de l’influx nerveux, nourrissent et
entretiennent mes neurones.
La myéline est constituée surtout de lipides
(sphingomyéline) dont les couches alternent avec des couches de protéines. La
gaine de myéline permet d’augmenter la vitesse de propagation de l’influx
nerveux le long de ces fibres nerveuses, pouvant alors se propager de 10 à 75
mètres par seconde.
Si l’influx nerveux crée des décharges électriques très
brèves, des neurones peuvent déclencher des crises épileptiques en foyer ou
plus rarement sur toutes les aires cérébrales. Il
s’y associe alors une perte de conscience associée ou non à des
convulsions.
Les cellules gliales ont besoin de bon
cholestérol (dans le jaune d’œuf liquide) et d’acides aminés essentiels des produits
végétaux (viandes blanches plus que rouges, céréales et graines
complètes, légumineuses) et d’acides gras essentiels présents dans les poissons
et fruits de mer et des huiles végétales (colza, cameline, noix..). Elles ont besoin aussi des vitamines liposoubles A, D,
E, K et des hydrosolubles C et toutes celles du groupe
B, de B1 à B12.
Dans la Sclérose En Plaques (SEP) et dans la maladie
de Charcot (SLA ou Sclérose Latérale Amyotrophique), on observe une destruction
de la myéline (démyélinisation).
Notons que l’on sait déjà qu’une meilleure immunité peut favoriser
la remyélinisation et qu’expérimentalement, on a pu montrer que des cellules
souches adultes du système nerveux central seraient capables de fabriquer de la
myéline.
Nous verrons dans une
prochaine lettre les « articulations » entre les neurones.
Evidemment elles ne ressemblent pas aux articulations des
hanches, des genoux ou des chevilles. Aussi les grands spécialistes leur
ont donné des noms particuliers, les synapses.
Vous verrez qu’elles ont des fonctions essentielles – et qu’il faut aussi en
prendre soin !
Très cordialement
Professeur Henri Joyeux