Chère lectrice, cher lecteur,
Selon Esther Gokhale, une Américaine née en Inde et
spécialiste de la posture, nous pouvons trouver la manière idéale de nous tenir
debout en imaginant que nous avons une queue.
Si nous nous tenons mal, c’est-à-dire les épaules voûtées en avant, le bassin
basculé vers l’arrière, il est facile d’imaginer que notre queue se mettrait
sous nos fesses. C’est la mauvaise posture.
« Dans notre espèce, le positionnement naturel de
la queue, c’est derrière, le bassin antéversé.
Si vous faites cela, vos vertèbres s’alignent
correctement les unes au-dessus des autres, les muscles se relaxent et quand
vous respirez, votre dos entier bouge, stimulant la circulation. C’est comme un
petit massage qui se produit toute la journée et ça vous soigne »,
explique-t-elle dans une conférence TED à l’université de Stanford,
disponible en anglais sur Internet [1] et citée dans un très intéressant
dossier paru chez notre confrère Néosanté (novembre
2016).
Depuis que j’ai lu cela, cela m’aide beaucoup pour trouver la bonne posture et
épargner mon dos.
Assis ou debout, je me souviens qu’en aucun cas il ne faut s’asseoir sur cette
« queue » imaginaire, ni l’avoir entre les jambes.
Sa position naturelle est de partir derrière soi !
Vous trouvez ainsi spontanément la position favorable à votre dos !
Le coccyx est le dernier os de
notre colonne vertébrale, vers le bas, sous l’os pelvien. Il résulterait de la
soudure de plusieurs vertèbres atrophiées et correspondrait à la queue de nos
ancêtres : comme aux animaux que nous connaissons, elle leur aurait servi
de balancier, de chasse-mouches et de protection naturelle des organes
sexuels. Avec l’évolution, l’homme s’est mis à marcher sur deux jambes et
cette protubérance a fini par régresser jusqu’à presque disparaître.
C’est cet os qui se casse quand nous tombons brutalement sur les fesses, au ski
par exemple.
Pendant des semaines, on ne peut plus s’asseoir, c’est très douloureux.
Remarquez qu’une posture droite
ne vous permettra pas seulement d’éviter le mal de dos.
Selon le Dr David O’Hare, toujours cité par Néosanté, une posture droite induit un sentiment de
dignité.
« Vous envoyez un message de dignité à votre
cerveau. Lui va le traduire en dignité de pensées, de sentiments, etc. La
posture influence en effet le fonctionnement du système nerveux autonome. »
Il existe d’ailleurs des postures de vainqueur universellement adoptées.
C’est cette posture qu’adopte celui qui atteint le sommet d’une montagne, qui
vient de marquer un but, ou le manager qui affiche des résultats en
croissance : les mains sur les hanches, ou croisées derrière la nuque, ou
encore les bras levés au ciel.
Ce sont des positions qui « étendent » le corps, le font paraître
plus gros, à la manière des animaux qui gonflent leurs plumes ou leur jabot
pour impressionner les adversaires (et les femelles).
Des chercheurs de Harvard ont demandé à des volontaires de mimer ces postures,
et de leur mesurer leurs taux de testostérone et de cortisol (les hormones de
la virilité et du stress). Résultat : après deux minutes de posture de
domination, le niveau de testostérone des volontaires avait augmenté de 20 % et
leur niveau de cortisol avait baissé de 25 % !
Ils se sentaient plus forts, et plus détendus, donc plus sûrs
d’eux-mêmes !
La position voûtée, au contraire, serait facteur de stress, l’attitude d’une
personne qui souffre sans pouvoir se défendre et qui est donc obligée de faire…
le gros dos.
Quand je me promène en centre-ville, je m’émerveille souvent des efforts que
chacun fait pour afficher son style, son appartenance.
Coiffure, accessoires, voiture : chaque chose peut être exploitée pour envoyer
des messages autour de soi, se faire remarquer, afficher sa réussite, son
originalité.
Même l’allure du chien – quand il y en a un – sa race et la façon dont son poil
est taillé, en disent long sur le propriétaire.
Mais imaginez si les êtres humains avaient une queue !
Si nous avions une queue qui dépassait dans notre dos, faisait une belle
courbure, puis remontait vers le haut, en panache, ce serait un objet de fascination, d’envie, de
rivalité, de jalousie, comme aucun autre.
Dans les livres d’histoire, nous apprendrions, avec
stupéfaction, les coutumes de nos ancêtres concernant leur queue. Louis XIV,
avec sa perruque poudrée, aurait certainement inventé aussi une manière
excentrique d’habiller sa queue, et de la faire paraître plus longue et plus
majestueuse.
Les militaires porteraient la queue raide et bien rasée.
Les hippies, les professeurs, prendraient un malin plaisir à laisser leur queue
en bataille, traîner par terre.
Les artistes lui donneraient des formes bizarres, des couleurs recherchées.
Dans les salles de sport, les body-builders
seraient occupés à soulever des poids toujours plus lourds avec leur queue.
Dans les rues, les magasins, au travail, chacun épierait, convoiterait,
jalouserait l’apparence de cet appendice qui, assurément, enflammerait les
imaginations. Sans doute la vie en société serait-elle encore plus
amusante !!
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis