Chère lectrice, cher lecteur,
La question parait anodine.
« As-tu bien dormi ? »
La réponse à cette question n’a, en revanche, rien d’anodin. Certes, le
prix à payer pour une mauvaise nuit est le plus souvent une difficulté à rester
éveillé et concentré pendant la journée, des traits tirés, de l’irritabilité…
Mais lorsque s’ajoute à cette mauvaise nuit une autre mauvaise nuit, puis
encore une autre, et ainsi de suite… La facture peut être beaucoup plus
salée. Et, le pire, c’est que nous ne faisons pas le lien entre certains
symptômes et ces heures de sommeil perdues.
Depuis les travaux révolutionnaires du docteur William Dement de l’université
de Stanford, dans les années 1990, on sait en effet que ces heures perdues
engendrent ce que l’on appelle la « dette de sommeil ».
Or, comme vous allez le découvrir dans ce numéro de février des Dossiers de Santé & nutrition,
cette dette peut survenir suite à des causes à côté desquelles
vous risquez de passer toute votre vie… à moins de lire ce
numéro ! Mais j’y reviendrai.
Car il y a plus grave encore. Comme l’explique le docteur Curtay : « Cette dette a des répercussions sur l’ensemble
de nos fonctions, notre vitalité, notre humeur et notre santé. De nombreuses
études ont ensuite objectivé un lien très puissant entre durée et qualité du
sommeil, la longévité et les risques de maladies. »
Et la liste des maladies en question, que vous retrouverez en détail dans ce
numéro de février, et dont les liens avec la dette de sommeil sont tous étayés
par des études scientifiques, fait froid dans le dos. On y trouve
plusieurs types de cancer, la dépression, les troubles cognitifs, les maladies
cardio-vasculaires… mais aussi, d’une manière générale, le vieillissement
accéléré, une baisse des défenses immunitaires, une plus grande sensibilité aux
phénomènes inflammatoires.
Il y a de quoi s’inquiéter, surtout lorsque l’on sait qu’environ 4 Français sur 10 sont touchés par
des troubles du sommeil !
Pourquoi le manque de sommeil
peut-il avoir des conséquences aussi dramatiques ?
C’est lorsque nous dormons que notre glande pinéale sécrète une hormone
indispensable à la restauration de nos fonctions vitales : la mélatonine,
plus connue sous le nom d’ « hormone du sommeil ».
La mélatonine est l’hormone qui envoie à chaque cellule de notre corps le
message de repos et surtout de réparation. Son rôle est donc capital.
Elle est antioxydante, anti-inflammatoire, neuro-protectrice, modulatrice des
hormones sexuelles et a des effets hyper-tenseurs… Et ce n’est là qu’un aperçu
de ses fonctions, que liste méthodiquement le Dr Curtay !
Le petit « problème », c’est que cette
hormone si puissante est à la merci de notre rythme de vie, et
de multiples perturbateurs ! Si nous dormons trop peu ou mal, nous en
sécrétons insuffisamment, et perdons le bénéfice de ses multiples effets.
Parmi les perturbateurs empêchant de dormir et donc la mélatonine d’être
sécrétée, on trouve le diabète, des médicaments, en particulier bêta-bloquants,
mais aussi des responsables plus étonnants, issus de notre société
industrielle.
Le Dr Curtay consacre ainsi plusieurs paragraphes à la façon dont les écrans de télévision, d’ordinateurs, de
téléphones ou encore de tablettes « sabotent » nos taux de
mélatonine : ces écrans diffusent en effet une lumière
bleue/violette qui active la sécrétion de la mélanopsine, un excitant neuronal
intercepté par des cellules précises de notre rétine.
C’est là l’un des mécanismes pervers d’un cercle vicieux qui prolifère depuis
quelques années : celui de la cyberaddiction, qui altère la durée et la
qualité du sommeil de plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes, menant à
des troubles dépressifs et d’autres addictions.
Une autre hormone rentre en jeu dans notre santé, et plus
exactement au maintien de notre masse musculaire et à la réduction de la masse
grasse : c’est l’hormone de croissance. Celle-ci est sécrétée par
l’hypophyse… une fois que nous nous sommes
endormis.
Et oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est bel et bien pendant
notre sommeil que se joue au quotidien le principal combat du muscle contre la
graisse !
Avec des conséquences qui ne sont pas à négliger, puisque la pression de la
musculature sur l’os qu’elle favorise est, par exemple, un facteur majeur de
lutte contre l’ostéoporose. Je vous laisse découvrir à la lecture de ce nouveau
numéro des Dossiers de Santé et Nutrition ce
que représente encore la sécrétion de cette hormone la nuit du fait des liens
déterminants qu’elle entretient avec :
Lorsque je vous parle de
« troubles du sommeil » et de « dette de sommeil », vous
pensez probablement à : « nuit blanche », « nuit trop
courte », « insomnie ».
Et vous avez raison.
Mais vous allez vous rendre compte, à la lecture de ce dossier, que le spectre des troubles du sommeil est en
réalité beaucoup plus large : le Dr Curtay vous en fournit
la typologie complète, qui va des simples difficultés d’endormissement
aux troubles iatrogènes en passant par les hypersomnies, c’est-à-dire les
sommeils trop longs.
Il ne suffit pas de dormir, il faut aussi bien dormir !
Il ne suffit pas de bien dormir, il faut aussi suffisamment
bien dormir !
… Et il ne suffit pas de
suffisamment bien dormir, il faut… Mais, non, de cela, il vaut mieux que vous
preniez conscience vous-même lorsque vous lirez les explications du Dr Curtay.
Attendez-vous à prendre certaines mesures radicales si vous souhaitez avoir un
sommeil véritablement récupérateur.
Car, je vous l’ai déjà dit plus haut, ce qui perturbe notre sommeil est parfois
inattendu : il y a, certes, les écrans qui désormais nous entourent, mais
aussi nos lits, et je préfère vous
prévenir dès maintenant que ceux d’entre vous qui utilisent un certain type
de matelas devraient songer à s’en débarrasser au plus vite. Je vous invite
à lire, pour plus de précisions, l’encadré intitulé « pourquoi les cancers
du sein se multiplient-ils ? »
Le Dr Curtay accorde également une grande place, dans ce numéro du mois de
février, aux types de médicaments qui troublent le sommeil, avec le détail de
leurs effets secondaires morbides.
Parmi les parades à adopter face aux troubles du sommeil, le
Dr Curtay cite le magnésium, dont l’efficacité est prouvée par pas moins de
cinq études :
« Le magnésium intervient dans de nombreux
mécanismes que ce soit :
Ce n’est cependant pas tout : ceux d’entre vous qui
prennent des benzodiazépines (et qui en découvriront les effets pervers à la
lecture de ce dossier s’ils ne les connaissent pas déjà) et souhaitent s’en
sevrer trouveront également dans le magnésium le complément qui peut tout
changer.
L’originalité de ce dossier consiste par ailleurs à vous livrer des mesures
pour améliorer la qualité de votre sommeil par « paliers ».
Je m’explique.
Il y a, tout d’abord, les mesures indispensables. Il s’agit de
dispositions à intégrer à son mode de vie en priorité, telles que le respect du
chronotype ou éviter l’exposition aux éclairages intenses des écrans, dont nous
avons déjà parlé.
Il y a ensuite, les mesures complémentaires si, pour X raison, on ne parvient
pas à trouver le sommeil. L’une des mesures les plus intéressantes, ai-je pour
ma part trouvé, est celle du « principe de la balançoire »,
développé dans un texte à part. En tout, ce ne sont pas moins de 17 mesures que le Dr Curtay
vous livre, et qui sont susceptibles de faire la différence.
Enfin, il y a les mesures plus ciblées : complémentation en mélatonine,
mais aussi les traitements en cas du syndrome de jambes sans repos et d’apnée
du sommeil. Il s’agit, dans ces cas-là, de protocoles aux dosages très
précis.
La toute première leçon à retenir de ce numéro des Dossiers
de Santé et Nutrition est que, pour
bien dormir, il faut d’abord ouvrir les yeux ! Et je tiens
ici à remercier le Dr Curtay de nous donner la possibilité, par son travail, de
nous « réveiller » face à un problème que beaucoup d’entre nous
prennent à la légère.
Rendez-vous
ici en savoir plus et demander votre exemplaire des Dossiers
de Santé & Nutrition.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis