Votre habitat est-il malsain ?
Pierre Ferdin rédigé le 22 mai 2017 à 12h16
Vous traînez
depuis des semaines un mal-être inexplicable ou une mauvaise crève dont vous
n'arrivez pas à vous débarrasser ? Homéopathie, thérapies
alternatives, allopathie... rien n'y fait. Vous prenez un congé pour vous
reposer chez vous, et le problème semble empirer : il est sans doute temps de s'interroger
si la source de vos maux ne loge pas en réalité directement sous votre
toit ! Les dangers sanitaires sont nombreux à s’immiscer chez nous : pollutions
chimiques, électromagnétiques, aériennes, mais aussi les moisissures, les
pollutions telluriques… En voici un tour d’horizon ainsi que quelques conseils
pour améliorer votre bien-être domestique.
Les pollutions environnementales
sont souvent perçues comme des agressions extérieures : la fumée que crache
l’usine du coin, les rejets des industries qui polluent les sols et la nappe
phréatique, les gaz d’échappement qui stagnent en un nuage invisible, mais
malodorant… Alors, vous vous dépêchez de rentrer chez vous, dans votre
environnement intime que vous pensez contrôler et que vous voulez croire bienveillant.
Mais l’ennemi est parfois dans la place, générant des problèmes de santé
aussi variés que mystérieux si l'on en a pas identifié la cause.
L'environnement
commence chez vous
L’environnement, c’est le monde
physique qui vous entoure, du plus proche au plus lointain, du plus lointain au
plus proche : les gaz à effet de serre et la fonte des banquises, mais aussi la
tuyauterie de votre cuisine, le désodorisant de vos toilettes, les champs
électromagnétiques de votre wifi et les émanations chimiques de la colle de
la moquette de votre salon.
La pollution environnementale, c’est
autant le réchauffement climatique que ces moisissures que vous n’arrivez pas à
éliminer dans votre salle de bain. La solution n’est pas de fuir loin de ce
monde toxique (et pour où ?), mais d’être conscient de votre environnement et des
facteurs qui y déterminent votre santé, votre bien-être.
Les
différents types de pollution de l'habitat
Selon la taille et du volume des pièces,
leur communication entre elles et avec l’extérieur, les problèmes d’aération et
de ventilation (renouvellement insuffisant de l’air), de température
(appartements surchauffés…) et d’humidité (infiltrations...), amènent des moisissures qui entraînent allergies et problèmes
respiratoires.
La géobiologie est l’étude de
l’influence des ondes sur le vivant (rayonnements ionisants, champs magnétiques
et électriques, courants). Ces influences telluriques (c’est-à-dire liées aux
sols et à leur nature)
peuvent être bénéfiques ou néfastes (cancers, maladies
dégénératives). Elles sont dues aux caractéristiques énergétiques du
terrain sur lequel l’habitat est construit.
La variété des produits et matériaux toxiques présents dans la
vie courante est affolante. Une grande partie du parc immobilier français
contient de l’amiante et il faudra des décennies pour le désamianter. Dans
certains immeubles vétustes, l’eau potable passe encore par des tuyaux en
plomb. Etc.
Wifi, antennes relais, téléphones
sans fil et portables, commandes à distance… les champs électromagnétiques artificiels sont partout et un
nombre croissant d’études scientifiques pointent leur dangerosité (cancers,
Alzheimer...)
Les effets nocifs de lumières artificielles (led,
lumière bleue…), ou du manque de luminosité (qui incite à utiliser des
lumières artificielles), sont amplement documentés : troubles du sommeil,
carence en vitamine D, maladies de la vision, de la peau…
Des exemples
concrets d'habitat malsain
Une maison orientée au nord sera plus facilement froide et
humide, et propice à des moisissures. Cela relève du bon sens, mais toutes les
maisons ne sont pas pour autant bien orientées. De même qu’il est évident qu’un
pavillon dans l’ombre d’une barre de 20 étages manquera de lumière naturelle et
sera éclairé artificiellement. C’est pourtant fréquent.
L’isolation thermique de votre
appartement est-elle écoresponsable, ou faite avec de
l’amiante cancérigène ? Les structures de renforts de votre immeuble sont-elles en matériaux
non-conducteurs, ou en éléments métalliques qui génèrent et retiennent des
champs électromagnétiques ? Votre nouveau voisin installe sa borne wifi contre
le mur mitoyen de votre chambre, à 50 cm de la tête de votre lit. Si vous êtes électrosensible, cela va nuire à votre sommeil en
particulier, et à votre santé en général.
Le maintien d'eaux stagnantes dans
votre réseau d'eau chaude (résidence secondaire par exemple), un mauvais
calibrage de la température de votre chauffe-eau pour l'eau chaude (en dessous
de 45 degrés) peut générer la multiplication de bactéries et vous exposer, par
exemple, à la légionellose pendant une simple prise de douche. Près de 1500
cas par an sont repertoriés en France, dont plus
d'une centaine résulte en une issue fatale d'après l'Institut de Veille
Sanitaire.
D’ordinaire, vous n’avez pas peur
d’un pressing. Mais quand le perchloréthylène n’y
était pas encore interdit, les employés manipulant ce produit et les voisins de
ces commerces étaient exposés à sa toxicité. Et un restaurant renvoyant fumées
et vapeurs dans votre cour peut provoquer des moisissures dans votre salon.
Les travaux d’entretien tant attendus dans les parties communes de votre
immeuble se révèlent néfastes pour peu que des peintures contenant des agents
chimiques toxiques soient utilisées par mégarde ou indifférence.
Un début de
reconnaissance juridique
Une jurisprudence existe autour du syndrome
dit « du bâtiment malsain », qui touche des employés sur leur lieu de
travail (bureau, fabrique ou autres). Validé par la médecine du travail, ce
syndrome inexpliqué ne peut être nié, ni cantonné au registre du
psychosomatique. Il consiste en affections respiratoires, allergies ou hypersensibilité.Mais
ce syndrome ne s’applique toujours pas aux domiciles privés, individuels ou
collectifs. Peut-être, faute de mobilisation collective…
L’épineuse
question du diagnostic
Il reste à établir un diagnostic
pour cerner problèmes et solutions. Ce qui est souvent complexe. En effet, un
même symptôme peut être commun à différentes maladies résultant de pollutions
diverses. Il n’est donc pas toujours facile d’y voir clair. Par exemple, des
migraines et pertes de mémoire accompagnées d’une fatigue chronique peuvent
relever d’une chimicosensibilité, ou d’une électrosensibilité, ou d’un empoisonnement aux métaux
lourds, ou bien des trois à la fois ! Puisque votre problème de santé peut
avoir plusieurs sources simultanées, le recours à des professionnels de
spécialités différentes peut se révéler nécessaire. Car vous pouvez être chimicosensible et aussi exposé à une pollution géobiologique. Un diagnostic doit être fait sur mesure. Vos
mesures, celles de votre vie quotidienne.
Vous êtes
expert de votre quotidien
Bien sûr, le diagnostic n’est pas
une affaire d’amateur. Mais il faut pourtant partir des ressentis subjectifs de
l’amateur que vous êtes, vous, l’habitant du lieu. À défaut d’être un
professionnel, vous êtes expert de vos ressentis quotidiens. À vous d’observer,
de recouper vos observations, d’expérimenter par tâtonnements et
élimination, jusqu’à cerner les circonstances de votre pathologie, en isoler
les paramètres et en identifier les causes.
Cette démarche d’investigation
personnelle est une aide précieuse pour le spécialiste que vous consultez : conseiller
en habitat écologique, géobiologue, baubiologue, conseiller habitat et santé, conseiller en feng shui,
technicien en métrologie des champs électromagnétiques… Ce professionnel
est apte à mesurer et évaluer les pollutions de votre habitat, et à vous
conseiller sur la conduite à tenir. Mais en exerçant et perfectionnant votre
expertise, vous restez un acteur central de votre environnement, de votre
santé, de votre mieux-être.
Etre
pragmatique
Les problèmes structurels sont
parfois sans solutions. Comment, en effet, tourner vers le sud une maison orientée au nord ?
Comment ôter des structures métalliques noyées dans le béton sans démolir
l’édifice entier ? Alors, le déménagement s’impose…
Mais en général des solutions
existent, même si
elles impliquent des travaux, comme par exemple le désamiantage ou
l'assainissement des fondations pour lutter contre une humidité trop
importante. Pour le propriétaire, c’est un investissement pour sa santé et/ou
celle de ses locataires. Pour le locataire, c’est un droit, celui à un logement
salubre.
Mais, légalement, il est souvent
délicat d’exiger le percement d’une fenêtre pour améliorer l’illumination et la
ventilation. Et quant aux pollutions chimiques et électromagnétiques, très
controversées, la loi les encadre mal ou pas du tout. Essayez donc d’interdire
ou de réglementer l’usage du wifi ou des déodorants d’atmosphère dans une
copropriété.
Certains choisissent de résoudre le
problème à la racine, et se font construire un habitat selon les critères
stricts et vérifiés de la baubiologie. Cette
discipline, à la confluence de l’architecture et des sciences
environnementales, étudie l’impact des bâtiments sur la santé de leurs
habitants et vise à la construction d’habitations saines. Mais cette solution
n’est pas à la portée de tous, ne serait-ce qu’en raison de son coût.
En général, le pragmatisme
l’emporte : comme le diagnostic, la solution se doit d’être sur mesure,
selon vos besoins et vos possibilités. Il s’agit tout à la fois de s’adapter à
son environnement et d’adapter son environnement à soi. Concrètement, à quoi
bon entamer des travaux d’aménagements dans un habitat qui ne pourra jamais
être convenablement assaini, parce que mal exposé ou construit sur un terrain
insalubre ? Mais avant de déménager en catastrophe (avec toutes les
conséquences sur votre vie sociale, familiale, votre carrière, la scolarisation
de vos enfants…), assurez-vous que votre réaction est proportionnée aux
dangers encourus.
Il y a de nombreux témoignages d’électrohypersensibles
et de chimicosensibles qui souffrent de l’isolement auquel
ils sont réduits pour préserver leur santé. C’est à vous de juger, selon vos
critères, vos ressentis, vos priorités.
Une démarche
personnelle, matérielle et sociale
Une fois le diagnostic établi, les
mesures à prendre sont d’ordre pratique :
En résumé, observez, analysez et
expérimentez, adaptez-vous à votre environnement tout en l’adaptant à vous,
assumez vos choix et sensibilisez votre entourage en le ménageant. Soyez
acteur de votre mieux-être. En conclusion, votre habitat c’est aussi ceux avec
qui vous habitez. Bien vivre chez soi n’est pas s’isoler du monde.
Aller plus loin :
Notre dossier sur la médecine de l'habitat et la géobiologie.
Un site belge et un guide québécois conseillent sur les pollutions domestiques.
- Ce site gouvernemental français aborde les cas extrêmes
d’habitat malsain
- Pour des diagnostics, vous pouvez
également trouver des spécialistes de géobiologie ou de baubiologie
près de chez
vous.